EuskalTrails - Récit Philippe Coutanceau
Saint Etienne de Baïgorry
27 et 28/05/2022
EuskalTrails - Ultra trail 133km / 7500m D+
Enfin, cette année est la bonne...Voilà 2 ans que nous attendons cet événement avec une certaine impatience, car cause Covid 19, l'édition 2020 à laquelle nous nous étions inscrits, Yannick (Douillard), Julien (Bonnaud), et moi a été repoussée à 2 reprises.
Comme beaucoup de courses de ce type, nous nous sommes préparés chacun de notre façon, en participant à quelques trails de notre département, conjugués avec des entraînements spécifiques : Julien travaillant en cote à l'Historial de Vendée cumulé avec du vélo, Yannick dévalant (et remontant) les coteaux de Rocheserviere, et moi en suivant le programme de Nicolas, notre entraîneur que je remercie à l'occasion.
Bref, même si quelques blessures d'avant course se sont déclarées, un peu de repos forcé et tout le monde est fin prêt pour être au départ !
En arrivant la veille, en fin d'après-midi ou Julien est déjà arrivé depuis un jour avec sa p'tite famille, nous prenons goût à l'atmosphère d'avant course : briefing des organisateurs sur l'Ultra, récupération des dossards, dépose des sacs pour rechanges éventuelles à la base de vie (à un peu plus de mi parcours).
Puis il est temps de penser à rejoindre notre logement avec Yannick, un gîte d'étape en plein centre de St Étienne de Baigorry, où passent des randonneurs du GR10.
Endroit assez spartiate, ou nous ne dormirons qu'une petite nuit, dans une chambrée de 8 personnes, au complet ce soir là, randonneurs et trailers compris.
Après un dîner de pâtes Bolognaise et une petite bière quand même, nous allons nous coucher vers 22h30 (sur les conseils de Claudine notre présidente, cf msg WhatsApp 26/05), avec un réveil programmé à 3h15 le départ étant à 5h00.
27/05 : Jour J tant attendu. Le bourg de St Étienne de Baigorry s'allume de plein de petites lumières frontales qui convergent vers la place du fronton.
Nous rejoignons Julien, écoutons les dernières consignes, et l'hommage émouvant à l'ancien président de l'association organisatrice , Christian Oçafrain, parti trop tôt à l'âge de 45 ans, une minute de clap clôture ce moment.
Et puis sous un feu d'artifice, le départ est donné, nous nous élançons en fin de peloton, sans pression de place, nous partons pour un sacré bout de chemin.
Nous commençons par un large chemin qui monte très tranquillement sur 4,5 kms, et attaquons la première difficulté avec 650 m D+ sur 2,0 kms, dans un brouillard.
Première descente pour détendre les jambes (ça ne sera pas toujours le cas), nous repartons pour une grimpette de 600 m D+, avant de redescendre sur le premier ravito.
Un peu de boisson, du salé, du sucré et c'est reparti.
Très rapidement, nous arrivons sur un mur, qui va monter de 1 200 m sur 2,5 kms, toujours dans un brouillard et un sommet que l'on ne distingue pas, puis descente sur le col d'Ispeguy, ou nous attendent nos familles.
30 kms au compteur, ravitaillement avec une diversité tant en boisson qu'en solide. La petite soupe aux vermicelles fait du bien.
C'est reparti direction les Aldudes, pour une petite quinzaine de kms , Yannick et Julien commencent à prendre du large. Sur 5 kms on monte presque 750 D+, encore une belle "patate", qu'il va falloir redescendre avec la même inclinaison : même relâché, les mollets se font sentir.
Après les Aldudes au km 45, nous repartons tous les 3, mais les gars ont plus de jus que moi, je les laisse filer. J'ai l'impression de ne pas avancer en me faisant doubler, ma montre me lâche (plus d'info de distance et de dénivelé). Nous prenons encore 950 m D+ sur 15 kms avant un ravito.
Je me restaure rapidement, je me sens moins fatigué, et sais que l'ascension de l'Adi m'attend, 500 m D+ sur 3,5 kms. En quittant le ravitaillement, je retrouve Julien assis et dans l'impossibilité de manger quoi que ce soit. Je lui propose de rester avec lui, mais il m'encourage à partir.
OK j'y vais, et me dis dans ma tête que j'espère que ça va aller mieux pour lui, et que j'ai la chance de pouvoir avaler tout ce qui me fait envie pour poursuivre la course.
Au km 73 et après 4 900 m de grimpette et presque 14h30 de course, j'arrive à la base de vie. Je retrouve Yannick arrivé depuis 45 mn.
Il vient de prendre une douche, se changer, et manger. Il est quasi prêt à repartir.
Je fais comme lui, mais je me rajoute un p'tit massage kiné même si il y a un peu d'attente, qui me fait le plus grand bien.
A côté de ça toute une équipe de bénévoles à nos p'tits soins pour tout ce dont on a besoin.
J'apprends par mon épouse que Julien a réussi à rejoindre la base de vie, mais qu'il arrête. Il n'a plus de carburant, a vomi à plusieurs reprises et voit des étoiles...
Hyper déçu pour lui "mais ce n'est que parti remise pour toi Juju, qui ira au bout une prochaine fois", je repars après une pause d'1h45.
Il est 21h15, et la nuit va tomber vers 22h00.
Très rapidement, je me cale derrière un couple qui fait le trail en duo.
Ils ont une super cadence, et c'est madame qui la donne. Mention particulière à toutes ces féminines qui sont vraiment très très fortes. Elles n'ont jamais l'air fatigué, sont hyper constantes, chapeau bas mesdames...
Je la copie même dans ses foulées hyper rapides et efficaces.
Je vais rester 6h00 avec eux, en parcourant 30 kms et 1600 m D +, eux ont décidé de s'arrêter dormir une heure.
Arrivé au km 103 sur un ravito, je repars seul pour 2h00 de nuit restantes. Ma frontale me fait défaut rapidement, le Black out total. Heureusement j'ai une lampe de rechange.
Arrivé à Egantza, au km 110, je me restaure par un menu sportif, bananes et oranges, et repars très vite.
Il me reste 13 kms d'ascension avec 1 200 m D+.
Passé le dernier sommet, une très forte pente à descendre sur 700 m, mais qu'est-ce qu'elle fait mal, la voûte plantaire et les mollets apprécieraient bien du plat.
La course se termine sur une descente sur St Étienne de 6 kms, la pente est relativement douce, ouf ça fait du bien !
L'objectif était moins de 30h, je le rate de 4 mn, mais c'est vraiment pas grave, finir sans blessures, avec du plaisir est une grande satisfaction. Mon épouse m'accompagne sur les derniers 100 m soulagée de me voir en bon état.
Je retrouve Yannick, arrivé 2h25 avant moi.
Julien est là également.
Les 2 bières d'après course passent toute seule.
Après une bonne douche, je vais me restaurer avec Yannick car un repas est offert à "ceux du 130 kms"
Je ne vous détaille pas le buffet, mais c'est gargantuesque et sublimement bon, servi là encore par des bénévoles au petit soin pour les coureurs.
Pour terminer, un petit massage dont on sentira les effets le lendemain.
Je garde de cet Ultra que de bonnes choses, paysage magnifique même si la 1ère journée le ciel était un peu couvert (certainement un plus pour notre organisme), des rencontres sympas avec des coureurs, une organisation au top (balisage, buffets, bénévoles +++, ...), une ambiance festive au sein du village.
En bref, un Ultra à conseiller, et si vous n'êtes pas adeptes d'un + 100 kms, ils organisent également un 2 x 25 kms et 2 x 40 kms sur 2 jours.
Philippe
133km 7500m D+ |
1 | Ander Erice Tornaria |
16h30'45'' |
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161 | Yannick Douillard |
27h40'35'' |
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297 arrivants | 221 | Philippe Coutanceau |
30h04'22'' |