Trail du roc de la lune 2022 - Récit Anthony Bigaud
Alzon
16 et 17/04/2022
Trail du pas du diable 2022, que dire…
il y a plein de choses, des bonnes et des mauvaises. Déjà circonstances de ce trail : c’était à la base une course préparatoire pour notre ultra de Serre-Ponçon de l’année dernière. Donc inscrit depuis presque trois ans. Ce trail avait une bonne réputation et semblait beau (la conjugaison de cette phrase n’est pas anodine).
Nous y allons donc Anne, Steve et moi avec des envies différentes selon la prépa de chacun, la motivation mais nous partons bien le vendredi 15 avril à 5h du matin de chez Steve. La route se fait, retrait des dossards, un petit sac rose avec le fameux sésame et un bouquin sur la région. OK. Ils nous demandent de prendre en photo le numéro PC courses essentiel pour la suite. Lol
Puis, nous allons à notre logement situé à 10/15 minutes du départ. Nous nous préparons : Départ dans 8 heures !! Tentative de sieste entre 17 heures et 20 heures, un repas de pâtes et le cerveau commence à se conditionner. La pression monte aussi, l’inquiétude aussi, l’incertitude.
Départ à minuit samedi 16 avril petit peloton de 200/250 coureurs.
Nous nous étions dit que nous commencions ensemble et que l’on verra en fonction des jambes de chacun. Le début se fait au train à trois. Steve semble bien dans les côtes, monte à son rythme. Anne ne semble pas dans les beaux jours, elle n’a pas de bonnes sensations mais elle avance.
De mon côté, je temporise entre les deux je vois Steve s’éloigné devant, je ne le suis pas, il reste plus de 100 km et je garde un œil sur Anne derrière. La fin de la nuit a été la bienvenue pour nous trois. La levée du soleil splendide dans cette montagne, on éteint les lampes frontales, la vision et la concentration est plus facile. Je m’aperçois assez vite qu’il va faire chaud. Tout juste le soleil qui nous atteints et déjà la chaleur se ressent. Pendant une partie de la course Steve courait à son rythme et temporiser en nous attendant.
Au kilomètre 44 : petite sieste dans l’herbe importante et obligatoire qui fût en réel 2/3 minutes de vrai sommeil et dring dring le réveil sonne : 4000 marches nous attendait pour monter 9 km et 1200m de D+.
Très belle vue sur la région au sommet du mont Aigoual avec de la neige sur le parcours, le froid fait du bien aux jambes, j’en profite pour passer de la neige sur un mollet qui était légèrement moins motivé que l’autre, je m’arrête aussi un moment sur une cascade d’un ruisseau pour faire un peu de la Cryothérapie naturelle sur mon mollet.
Descente plutôt facile et agréable tous les trois ensemble avec un copain du jour Nicolas de la Creuse avec qui nous parcourons 15/20 km ensemble dans la neige et le vent. Nous traversons LA grotte qui ne fallait pas rater avec un torrent souterrain, très chouette.
Kilomètres 65 : BASE DE VIE : nous y restons pas loin d’une heure, nous prenons notre temps, le temps qui passe vite. Une soupe, des pâtes, changement complet de tenue, remplir nos Camelback avec nos petits plaisirs à manger. Perso j’en avais marre de manger de nouveau la même chose depuis le départ (pense-bête pour le prochain : oui il y aura un prochain diversifiée ++++ et encore + les ravitos personnels.
Cela faisait du bien d’être au sec. A la sortie, nous décidons de faire une deuxième micro sieste dans l’herbe, 10 min. Je n’ai pas réussi à dormir, plein de questions, le cerveau tourne à 1000 à l’heure. Anne qui fait un rêve Chelou . Et on repart. Nous avons seulement 30 minutes d’avance sur la barrière horaire. Les kilomètres et le chrono défilent et la nuit commence à arriver. Dur dans la tête, la fatigue commence à se faire ressentir.
Ravito du 85ème kilomètres : nous remplissons nos Camel, mangeons, faisons le plein mais nos visages sont marqués.
Un local nous annonce que le tronçon suivant indiqués 14 km est plus court que prévu, cela nous motive et nous partons dans la difficulté. Steve n’a plus de jus depuis un moment, Anne a mal au ventre, n’arrive pas à manger. De mon côté, la petite douleur au mollet persiste mais sans plus, le moral est là.
Je décide d’envoyer un message à notre Véro nationale pour qu’elle nous envoie un message vocal comme à Serre-Ponçon (Un sublime message en septembre dernier qui nous avait fait pleurer d’émotions) pour motiver mes deux camarades, mes deux amis, mon trio.
Je leur fais écouter le message de Véro mais là, silence ce fût dur, ça monte mais merci Véro. Ainsi que toutes les autres personnes qui nous ont encouragés. MERCI.
Finalement le tronçon annoncé 12/13km se transforme en 18 km avec des passages digne d’escalade et de spéléologie. Un parcours, des buissons traversés, des pentes et des descentes répétitives et inimaginables juste pour valider le dénivelé. Très dangereux, aucune sécurité, aucun plaisir, aucun intérêt.
Kilomètres 95 : traversée d’une grotte avec échelles, cordes et pierres humides. Là encore aucune sécurité, aucun bénévole, aucun panneau. Avec la fatigue, la lucidité devait être là pour ne pas tomber des 2,3,4 m de vide à chaque montée.
Clairement inutile à cette partie de la course, n’importe quoi… le moral en prend un coup surtout que les 13 km annoncés étaient passés. Puis, nous apercevons le serre file qui nous rejoints et qui ramasse le balisage derrière nous alors que nous avons une heure d’avance sur la barrière horaire pourquoi !?! Steve tente d’appeler le PC Course pour savoir pourquoi nous sommes pas arrivés au ravito mais personne ne répond. Nous sommes pas les seuls.
Certains ont dû abandonner du faite que le balisage a été enlevé avant la barrière horaire.
Arrivé au dernier ravito kilomètres 107 pour moi (102 officiel ??) Steve est HS il a été au bout de lui-même. Anne veut dormir : des lits de camp sont disponibles dans la salle. Je mange un peu et je m’allonge aussi, nous avons une heure et quart avant la barrière horaire. Il fait froid, nous refroidissons. Je n’arrive pas à dormir, les bruits de ravito, la protection civile qui joue aux cartes juste à côté de moi, la lumière de la salle, pas évident malgré la fatigue de 26 heures de course. J’ai fini par dormir 15 minutes. Je relève la tête et Anne est assise, réveillée par le froid, elle a dormi 45 minutes et va s’asseoir à côté de Steve frigorifié lui aussi. je lui donne ma couverture de survie que j’avais utilisé pour dormir. Anne semble épuisé elle aussi elle me pose la question fatidique « tu continues ? »
Je réponds aussitôt « oui » mais une grande partie de moi me dit l’inverse mais je n’avais pas envie de re subir la maxi race à Annecy 4 ans plutôt (abandon au 100ème km restait à 17 km 1200D+).
Ici il nous restait 16 km et 450m D+. Plutôt roulant selon les bénévoles, à prendre avec pincette vu ce que l’on avait vu avant.
Je pose la même question à Anne, elle me fait un signe de la tête « non ». À ce moment-là je me dis qu’il ne faut pas partir seul donc je cherche des camarades de galère, pas difficile à trouver à ce moment-là. Je retourne voir Anne à plusieurs reprises qui a dû se poser 457 questions en 10 minutes ! J’essaie de la motivé (et de me motivé en même temps !).
Anne finit par se lever, remettre sa frontale et repart. Sacrée Anne, sacrée gonzesse…
Nous repartons à six dont deux filles, habituées aux 10 kilomètres, de 22 ans et 24 ans, qui courait la première ultra juste pour un défi, chapeau à elles.
Anne a froid mais retrouve un regain d’énergie et décide de repartir en courant devant. Du coup, pas le choix, je cours aussi ! J’ai les jambes. Et nous perdons assez vite de vue le groupe balai derrière.
Nous montons la dernière grosse montée en bon train (plaisir d’écrire le mot dernière), il faut trouver le peu de motivation qu’il nous reste.
La fin de parcours se fait finalement assez bien (en 3h30), plus roulant et c’est la fin. Nous apercevons sous la pleine lune les reliefs et Millau avec son pont au loin.
Là encore quelques bosses à 40 % inutiles à 3 km de l’arrivée que certains ont chintés.
Aucun contrôle.
Arrivée tant attendue : quatre bénévoles assis qui nous regardait tout juste et les deux gars du chronomètre.
À l’arrivée Ravito : Tuc Pâté et pâtes de fruits… le truc que l’on mange depuis 30 heures. Pas une bière, pas une soupe, pas de respect, pas de lot finishers, à 110€ l’inscription, on s’attends à un minimum.
Certes on s’en fout du lot mais une bière locale, un petit souvenir du coin. Un bénévole veut essayer de nous faire croire qu’il y a une pénurie. Nous sommes inscrits depuis 3 ans…
Un Master 7 avait payé le repas d’après Course 12 €, repas non servi, non remboursé, arrivée trop tard, sans commentaire.
L’arrivée résume bien l’organisation générale, aucun bénévole sur le parcours, un chasseur qui crée le parcours et qui fume dans la salle d’arrivée, des remises en question impensable pour eux, une organisation qui s’essouffle, à éviter, sûrement la dernière malgré leur belle région.
Mais l’essentiel est que l’on a passé un bon week-end, une nouvelle expérience, des leçons à retirer, à prendre et à apprendre, un départ à 00h00 très compliqué à gérer, diversifier la nourriture pourtant déjà bien complète. Plus de préparation mais ça, c’est une autre histoire…
Quel plaisir L’ULTRA, on se découvre, on se redécouvre, on se dépasse, on mange du saucisson avec un quartier orange, des fruits secs avec une tartine de pâté et de la chapelure des chips dessus, on boit 12 litres de boissons sûrement plus dans une course, on voit les paysages, on passe du temps, de la galère, de la joie, de l’émotions, des hauts, des bas, des questions, des rencontres, de l’entraide, de la motivation, de l’amitié.
On se dépasse, se surpasse.
Week-end ultra, week-end extra !
Anthony
120km 6500m D+ |
1 | Cédric Chavet |
14h57'58'' |
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120 | Anne Laborieux |
30h27'45'' |
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123 arrivants | 121 | Anthony Bigaud |
30h27'51'' |